Où
es-tu ?
Pourquoi ?
Qu'est-ce
que je suis sensée faire ?
Qu'est-ce
que on est sensés faire ?
Tout
est décousu. Mes idées ne sont que filaments. Je suis toujours en
train de les tisser, même maintenant, tant de mois après.
Quand
l'ombre s'approche trop, ces doigts glacés tendus vers moi, j'essaye
d'effacer ce qui s'est passé. Mes pas s'accélèrent. Je m'essouffle
sur ce chemin escarpé. Je cours sans avancer... Je crois avancer et
reviens au point de départ. Retrouvent les idées, les souvenirs,
les sentiments que j'avais entreposés dans un coin, laissés à
l'abandon car je ne pouvais plus les porter. Mais je ne peux pas les
laisser, te laisser.
Tout
se dirige vers moi, figée, obligée de les porter.
Tu
crois que je pourrais y arriver ? Tu crois que je pourrais tout
te dire ?
J'ai
longtemps cru que j'étais responsable de ce qui t'arrivait. J'ai
porté ce poids sur mes épaules durant des années. Des années à
me dire que si j'étais mieux, plus gentille, plus... à me dire que
celle que j'étais ne valait pas grand chose, car après tout, si toi
tu allais mal, c'est bien parce que je n'étais pas celle que tu
attendais.
Ces
longues années de solitude parce que je ne pouvais pas parler de
toi. J'avais peur du monde qui m'entourait. J'étais tellement
fragile et je croyais être faible. Je me disais que si, toi, tu ne
m'acceptais pas, toi qui aurais dû m'accepter inconditionnellement,
alors personne ne le pourrait.
Alors,
j'ai sombré. Incapable de bouger, incapable de faire quoi que ce
soit. Naufragée dans mon esprit.
Je
ne sais pas trop comment, je me suis retrouvée entre deux eaux.
Équilibre si précaire. Je savais que je devais être prudente.
J'avais enfin compris que ce n'était pas de ma faute, tout ça.
J'avais trouvé des amis qui m'aimaient telle que j'étais, aussi
insupportable que je puisse être. Alors, alors... j'ai pu
recommencer à vivre. Pour moi...
Je
ne voulais pas devenir lui, toi. Je ne voulais pas que mes fragilités
deviennent mes faiblesses. Je voulais, enfin, être libre. Alors, je
t'ai sûrement blessé parce que je t'ai rejeté, aussi fort que je
le pouvais. Puis je t'ai toléré, sans plus.
Tu
étais déjà lui, la plupart du temps. Celui que j'aimais était à
moitié effacé, absent trop souvent. Je ne pouvais plus te faire
confiance. Il me fallait me méfier de toi, me protéger de toi, de
ton chagrin qui m'atteignait tellement qu'il en devenait le mien
aussitôt.
Je
me suis persuadée que tu n'existais plus vraiment, qu'il n'y avait
que lui. Continuer à vivre, quoi qu'il m'en coûte. Espérer, quand
même, te revoir...
L'espoir
souffle à mon oreille
J'attends
que tu reviennes
Cendre
de rêve
A suivre...
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