La
maison gisait au fond des bois. Entourée de chênes, refuge des
âmes, elle semblait nous attendre depuis toujours. Un vague chemin y
menait. Le rythme cahotant de la voiture nous y conduisait. Chaque
sursaut, grincement de la mécanique rappelait le ressac de nos
existences.
Les
phares balayaient les bas-côtés, faisaient surgir ombres et
fantômes. La musique hurlait dans l'habitacle. Un éclat de rire
s'en dégageait parfois.
Dans
un dernier sursaut, nous sommes arrivées, avons déchargé la
voiture. Les clés ont été trouvées au fond d'un sac, la porte
ouverte et la maison occupée. Un peu de poussière recouvrait les
meubles. L'odeur d'humidité régnait partout. Le froid nous
imprégnait petit à petit…
Dans
un craquement d'allumettes, le feu a jailli et réchauffé nos mains.
Nous avons jeté nos affaires un peu partout, commencé à faire de
ce lieu un chez-nous.
Nous
nous sommes toutes réunies au matin. Emmitouflées dans nos
couvertures, nos gilets, tasse de café ou mug de thé à la main,
soufflant de concert et sirotant dans le calme. L'air embaumait la
brioche fraîchement grillée et le beurre fondu.
La
brume du matin se dissipait. Vagues après vagues, ses nappes nous
quittaient. Le ciel se teintait de rose et le soleil timidement nous
lançait ses rayons. L'herbe scintillait. La vie se réveillait
autour de nous.
Nous
ne disions rien. Pas encore. Savourions ce moment de retrouvailles,
ce moment que nous avions tant différé...
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