Celle que j'étais à 20 ans est
celle de la croisée des chemins. Celle qui avait tes symptômes, qui
sentait son esprit lui échapper, et glisser, glisser encore. J'avais
peur de tout, peur du monde, peur de ce qui se cachait tout au fond
de moi. Rien n'avait plus de sens.
Je me sentais creuse et vide. Vide
de sentiments. Je ne savais plus rire, moi qui aime tant cet éclat
de joie. J'errais dans un monde d'ombres, de silences, de larmes.
La vie m'écrasait de tout son
bruit, de toute son agitation. Elle m'épuisait. Je ne souhaitais
qu'une chose : m'en retirer. Pourquoi se battre quand tout nous
échappe ? Quelle était ma place ? Pourquoi, moi, je
n'étais pas capable d'être comme les autres ? Qu'est-ce que ce
monde qui n'en finit pas de nous blesser ? Qu'avais-je fait de
mal pour en arriver là ? Quoi ?
À quoi bon...
J'avais peur de devenir lui. De
finir par tellement te ressembler que moi aussi je disparaîtrais
dans les abîmes du chagrin, dans ce monde qui n'en est pas un, qui
nous éloigne de tous ceux que nous aimons.
Cette angoisse m'a ranimée.
Paradoxalement. Je ne voulais pas devenir lui, pas être une simple
enveloppe corporelle errant dans les rues, dans mon appartement,
allant en cours. Je me suis raccrochée à tout ce que je pouvais.
Mon esprit a cessé sa grande glissade infernale. Sans m'en rendre
vraiment compte, j'ai pris le chemin du retour. Le jour où j'ai à
nouveau ri, j'ai su. Su que j'avais quitté ce monde silencieux et
effrayant où, toi, tu vivais. Su que j'avais retrouvé une place
dans ce monde de bruits, étrange et mien aussi. Su que peut-être je
pourrais te pardonner. Su que j'étais.
Je suis.
A suivre...
A suivre...
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